Arcadia
Je l’ai choisi un peu au hasard sur l’étagère parmi les nouveautés de la médiathèque. Sur la couverture, l’image de mains recouvertes de gants de laine tricotée a dû influencer mon choix ( !!!) (je n’avais même pas remarqué la feuille de cannabis que portent ces mains !) Qu’importe, j’ai bien fait de glisser ce livre là dans ma sélection. 3 jours nuits (!) plus tard, je l’avais dévoré.
Une écriture poétique, presque psychédélique, lumineuse et poignante pour l’histoire d’Arcadia, communauté hippie autosuffisante des années 60, pétrie d’utopie, de liberté et d’amour. A travers le regard d’un tout petit garçon, Pouce, premier né de la communauté et dont les parents Abe et Hannah rayonnent de foi en l’avenir meilleur. Il décrit son monde, bienveillant et lucide et raconte cette drôle de famille, respectueuse de la nature, idéaliste et travailleuse. On se prend à rêver de ces visions d’un monde meilleur… Mais la réalité est plus rude : le froid, la faim, les conditions de santé précaires, le renoncement de soi même et l’effet pervers de cette ouverture à l' amour : l’accueil de toutes les dérives humaines, la surpopulation, la maladie et la drogue… jusqu’à l’effondrement, peu à peu de ce monde idéal.
Il y a la sortie de la communauté, la confrontation avec le monde réel… Pouce devient papa d’une petite fille dont la maman, fille du gourou d’Arcadia a disparu un jour, tout simplement disparu… Il travaille comme photographe puis assistant de faculté tentant à peine de se dégager de ses fantômes, de sa femme, ange déchu et d’Arcadia, le rêve noyé dans l’illusion.
Et pourtant, toute la petite famille retourne un jour à Arcadia. Abe est mort, Hannah ne tardera pas à le rejoindre, Grete se galvanise de course à pied et Pouce fait face à sa réalité, son chemin initiatique mêlé de tendresse, de réalités insolites saupoudrées de magie tandis que le monde se meurt d’une épidémie implacable. Arcadia s’efface, victime de ses vaines utopies et la nature reprend ses droits.
Les phrases sont courtes, les images fortes, on a juste envie de respirer et de toucher du doigt les personnages, de rêver aussi, de se laisser porter pas la grâce, de s’asseoir un instant dans la douceur de l’air et regarder à la surface de l’étang, flotter les paillettes d’or de nos illusions perdues…
Arcadia – Lauren Groff - Plon