Les sanglots du ciel
J’ai traversé l’épais tunnel de pluie, enjambant les mares d’eaux, les ruisseaux fous qui se dessinaient sur le sol. Je brandissais vers le ciel mon parapluie rouge à fleurs que le vent retournait et rendait inutile. En quelques minutes, j’étais trempée, lavée, rincée, glacée. Je suis rentrée à la maison, c’est drôle que je dise ça, j’ai du mal à appeler cet appartement ma maison, et pourtant je m’y suis réfugiée, comme un abri dans la tempête. J’ai épongé mes cheveux, retiré mes vêtements tout mouillés. Une rafale a fait frémir la fenêtre, j’ai regardé la pluie se déverser par dessus les toits. Le ciel était si bas qu’il caressait les toits, mais eux pensaient que c’était vraiment une drôle d’idée de les inonder autant. Peut être dans cette brume larmoyante se tramaient d’autres drames, des chagrins infinis et des amours déçues, tout là haut, entre un ciel et un toit…
Je me suis pelotonnée dans mon lit, réfugiée au creux des oreillers, bercée de cette tristesse, attendant que le vent mette un peu d’ordre, dans le ciel et dans ma tête…