le rideau se lève...
C’est le récit un peu résumé de l’ouverture d’une mercerie, à Nîmes, rue du Chapitre, au pied d’une cathédrale dorée par la lumière de printemps.
C’est l’histoire de la rencontre entre une ville, un couple recomposé, une envie de tricot, de laines et de bobines. Une histoire d’amitiés, aussi…. De va-et –viens au long de la vallée du Rhône qu’il serait trop long de décrire ici.
C'était une jolie boutique de chaussures un peu trop étroite, dans une ruelle ombragée, au cœur de l’Ecusson nîmois, entre deux tram’s en construction, entre deux férias.
Ainsi, la boutique de chaussures a trouvé une nouvelle vocation et une nouvelle « marchande ». Une marchande de fils, de laine ou de coton, la Petite Fille du Tailleur.
… Et la boutique s’est habillée de meubles anciens chinés par Mr le Compagnon. La grande table de sellier s’est, elle, habillée de lilas. Tout à coup ont afflué les cartons, assortis de bons de commande et de factures illisibles ; a surgi une étiqueteuse que seul un Jedï saurait maîtriser ; sont apparus des problèmes de gestion à 90 jours fin de mois, de trésorerie, de rabais et de marges… Puis, inévitablement, des abîmes technologiques, tels le fonctionnement du terminal carte-bleue ou de la caisse enregistreuse.
Il y a eu des moments de ravissements : celui de l’ouverture des premier cartons.. du moelleux de la laine de mérinos ou d’angora, et même de l’acrylique ; d’un chatoiement de tissu japonais, de l’odeur des livres de modèles, du son délicat des tubes de boutons. Puis l’arrivée, enfin, des Liberty..
Il y a eu des moments de découragement, à déchiffrer des listings, à tenter de maîtriser le wi-fi, à convaincre un banquier, la CCI, l’assureur , la famille, la Crise Internationale…
Il y a eu, surtout, un vent de panique dans les trois derniers jours… On n’avait jamais fait ça. On n’était pas taillée pour le rôle. On n’y arriverait jamais. On avait beau avoir réfléchi tout l’hiver et comparé tous les catalogues et tous les prix, arpenté les salons, élaboré cinquante plans comptables ou marketting, on ne pourrait jamais faire face à une simple demande : « Vous faites les lacets ? » , « vous avez du biais de satin noir en huit millimètres ? », « Si j’augmente de deux mailles au douzième rang, vous pensez que ce serait mieux ? »
Et puis est arrivé le soir du 5 avril : un mannequin de fil de fer tressé, un escabeau ancien et quelques pelotes dans la vitrine, un petit coup de propre, les cartons prestement évacués à la réserve. Elles avaient cousu tout le dimanche pour fabriquer des oiseaux fleuris au bout de fils de nylon. La caisse enregistreuse et l’étiqueteuse dûment alignées sur le comptoir, le wi-fi au garde-à-vous. Il manquait bien sûr trop d’éléments : un peu de monnaie dans la caisse et un casier de fils, commandé pourtant avec les tous premiers boutons. De quoi encore provoquer l’insomnie !