les couches lavables
Émission hier sur France Inter, de celles qui me font bouillir "Les couches lavables seraient-elles le symbole d'une défaite du féminisme?" . J'ai plutôt l'impression que l'on devrait mesurer l'impact du féminisme au nombre de femmes victimes de violences, à leur précarité grandissante, aux écarts de salaires...
Mais je regarde d'un air suspect la croissance d'un mouvement écolo (même si j'y adhère souvent, phénomène moutonesque ?) qui met tout de même une pression supplémentaire aux femmes. Il faut travailler (8 heures par jour sur le lieu de travail, au mieux, plus les transports), élever les enfants, veiller à leur devoirs, s'approvisionner en produits bio (30% plus chers), récupérer son panier AMAP, cultiver son potager, éplucher les légumes et cuisiner de délicieux repas aux saveurs oubliées que ces enfants là dégustent avec délices, les allaiter 9 mois, leur mettre des couches lavables (à ajouter aux lessives courantes), faire son pain, ses yaourts, ses confitures, coudre les habits, tricoter les pulls, veiller à sa déco en repeignant des petits meubles de récup, garder du temps pour soi, s'informer, lire un peu, visiter une expo d'art contemporain et déguster des gâteaux maison... J'ai élevé 5 enfants, seule depuis qu'ils ont entre 5 et 12 ans (j'avais peut être un peu chargé la barque) et je me félicite que le niveau d'exigence ait été un peu moins élevé et moins culpabilisant !
Parce que pour tout ça, il faut du temps, et que les journées n'ont que 24 heures... Sauf à rester à la maison, en prenant le risque d'un partage des taches rétrograde (je ramène l'argent/tu repasses mes chemises) puis d'un retour au travail compliqué, les enfants ne restent pas petits si longtemps et les priorités changent.
Les invités posaient la vraie question de "qui met les couches", et plus largement du partage des taches ménagères en évoquant un monde nouveau, où les hommes accompliraient une vraie moitié de ces tâches, seule alternative à cette sorte de retour en arrière. J'ai tout de même l'impression qu'on en est encore loin, que les résistances existent aussi chez les femmes (abandonner la toute puissance ménagère !) . Les hommes modernes ne disent-ils pas "j'aide beaucoup ma femme ?" sont ils vraiment prêts à assumer vraiment leur part ? La sphère familiale, pourtant largement réinvestie est encore bien fragile...
Le mouvement féministe des années 70 nous avaient appris à nous débrouiller sans hommes. Aujourd'hui, le couple, équilibré, est indispensable, et c'est ce nouveau modèle d'égalité homme femme qu'il faudra promouvoir... Utopie dangereuse pour la cause des femmes ou vrai projet de société ?