Déjeuner au bord de l'eau
Un rendez vous s’était annulé et nous avions pu nous retrouver pour un pique nique en bord de Seine au soleil, comme il y a quelques mois, lorsque je travaillais encore dans cette ville. J’ai retrouvé cette sensation de liberté si souvent éprouvée alors que je réussissais à m’octroyer cette courte pose déjeuner, seule ou avec des collègues en croquant un sandwich rêveusement, tout en contemplant voguer les péniches, suivant des yeux les vaguelettes qu’elles traçaient derrière elles. On refaisait le monde, ou on papotait tout simplement en parlant d’amours, on se racontait les enfants, les week-ends, les pannes de voiture et les misères ordinaires, profitant de cette parenthèse un peu hors du temps pour prendre de la distance.
C’était le moment de s’allonger un peu au soleil, de glisser les pieds nus dans l’eau en s’éclaboussant, de goûter au parfum d’herbes fraiches imaginant des voyages aux long cours, de savourer l’intensité de la lumière… avant de retourner, trop vite, affronter un monde de brutes.
J’ai aimé retrouver ces sensations, sentir le vent sur ma peau et la douce morsure du soleil en bavardant gaiement. Sous l’effet du soleil et du rosé conjugués, nous avons évoqué en riant cette phrase de Schopenhauer « La vie oscille, comme un pendule, de droite à gauche, de la souffrance à l'ennui » en réalisant que nous n’étions pour le moment, ni dans l’un, ni dans l’autre parce que notre désir, c’était juste de profiter de ce moment présent de complicité, et que c’était bien.