ELLE et les femmes
Ce matin, chacun a repris le chemin de sa vie. Tous… sauf une, qui a décidé de s’offrir du bon temps en lisant ELLE dans sa baignoire… Entre deux bulles de savon, je me suis lancée dans la lecture attentive du dossier spécial "1970-2010 Les femmes reprennent la parole".
A l’ouest, rien de très nouveau semble t’il, les femmes de 2010 sont déterminées à tout concilier : indépendance financière et donc travail, couple et enfants, accomplissement… La femme 2010 est « amoureuse, sait prendre soin d’elle et se mettre en valeur, danse, aime ne rien faire, rigole, fait souvent l’amour, voyage, fait la sieste, a des amants, mange des frites, sait déléguer sans culpabiliser, câline ses enfants, surfe sur le Net, fait du vélo, est une bonne vivante, vieillit avec sérénité et… sait réfléchir sur sa condition de femme. »
Parfait, à un poil près (ou deux… hum, voire trois ou… bref…) c’est tout moi !
Là où la réalité nous rattrape, c’est quand on constate que
l’écart de salaire entre un homme et une femme reste en moyenne de 27%. Pas si
simple de revendiquer ensuite le partage des taches ménagères : puisque l’on
ramène moins à la maison, on compense en assumant la gestion familiale, même si
les choses ne sont pas si simples. Nous avons trop souvent la culpabilité
chevillée au corps : ça vous arrive souvent de siroter une bière devant le
foot les Desparates houses wifes
pendant que votre cher et tendre aide Gaston à réviser les verbes du 1er
groupe au plus que parfait tout en faisant réchauffer le diner, sans ressentir une
once de culpabilité ? Moi pas… (En fait, j'étais seule... mais j'aurais bien aimé regarder la télé en culpabilisant !)
Le monde de l’entreprise n’est pas tendre non plus. Il ne vous est jamais arrivé d’enchainer des réunions, tard le soir, à débattre de la nouvelle stratégie (loufoque !) pour optimiser… on ne sait même plus quoi, que l’heure tourne, que le combat d’égos et de paranos fait rage autour de la table, qu’il ne sortira rien de bon de cette réunion ce soir… Alors qu’on serait bien plus efficace auprès de ses petits… et ces messieurs aussi d’ailleurs ! Mais ça, personne ne l’avouera. Si on veut avancer dans l’entreprise, le travail doit sembler passer avant tout. Et même si nombreux sont les hommes qui souhaitent s’investir d’avantage dans leur vie familiale, ils restent trop souvent suspects. Alors on compose, on joue le jeu de l’entreprise dont on connait la violence, et on se tait…
Reste aussi la tentation de rester à la maison, d’avoir le
temps d’organiser la vie familiale, de câliner les enfants à leur rythme, de
participer à la vie d’associations, de regarder le ciel, le sourire d’un enfant,
écouter les oiseaux, se mettre au dessin (ou au clairon pour quand les enfants
seront grands)… Le travail n’est pas
toujours si valorisant, ni même source d’autonomie alors on se tourne vers des
valeurs familiales… "Résignation
face aux difficultés de vivre ce cumul d’anxiété et de culpabilité (…) idéologie
régressive ? " s’interroge Sylviane Giampino.
Peut être… mais je me demande s’il ne reste pas à repenser
notre modèle économique qui laisse de
coté des femmes et leurs enfants en leur imposant violence et précarité. Dans un
monde globalisé ou règnent le machisme, la compétitivité, les rapports de force
et l’inégalité, je me demande parfois où est ma place, où sont les valeurs que
j’ai voulu transmettre à mes enfants et si j’ai vraiment envie de jouer dans
cette cour là…
Ce n’est plus un débat de femmes, il devient alors celui de l’humanisme et c’est peut être celui là qu’il faudrait se poser...